Diplômée en arts visuels à l’Université de Sejong en Corée du Sud, Hyun Joung Lee développe une œuvre à l’encre inspirée de ses souvenirs d’enfance et de paysages imaginaires.
Remplaçant l’horizon unique par une multitude de lignes sinueuses, ses compositions évoquent à la fois des vagues, des montagnes, ou des strates géologiques. Leur abstraction invite à une lecture libre, hors échelle et sans repère, où le vide du papier devient actif, en lien avec la pensée taoïste du plein et du vide.
Les lignes, tracées au rythme de son corps, rappellent les ondulations laissées par la mer ou les portées musicales. Elles figurent un souffle, un chemin initiatique cyclique - ce que les Grecs
appelaient aiôn. L’artiste cherche à dépasser sa propre histoire pour atteindre une forme d’universalité.
Lee utilise principalement de l’encre bleue ou noire sur du papier hanji, un papier traditionnel coréen à base de mûrier. Ce support, irrégulier et texturé, est porteur de mémoire : lambeaux de fibres, traces du geste, réminiscences d’un passé transmis. Elle en exploite la richesse matérielle et symbolique, évoquant aussi la technique du bojagi, patchwork coréen protecteur et ancestral.
Petite, elle imaginait déjà des paysages à partir des tâches d’humidité sur le hanji de sa maison. Aujourd’hui, elle poursuit cette exploration poétique entre abstraction, mémoire et résonance universelle.