KIM YOUNGMI: Youngmi KIM

21 Avril - 20 Mai 2022

Dessiner ou peindre avec des techniques conventionnelles aboutit souvent à une lecture à plat,
unidimensionnelle.


Depuis quelques années, je cherche à dépasser ce cadre, en développant des techniques
alternatives. J’utilise souvent mes mains nues au lieu de pinceaux : ce geste, instinctif et régressif,
inscrit le corps dans l’acte pictural, qui devient alors une expérience en quatre dimensions.


Je projette également des images en mouvement sur des disques, créant une forme d’« art mobile
», ou d’« art pictural en quatre dimensions », où le corps semble animé par des regards multiples
superposés. Comme dans l’œuvre d’Orlan, le « Techno Body » en transformation perpétuelle, la
lumière modifie la perception.


Mon travail est profondément lié au corps – en particulier au mien, hérité de ma mère, avec ses
failles, ses souffrances, comme ce kyste enlevé autrefois. Il est aussi un hommage à ce lien
génétique voué à disparaître. Ne pouvant moi-même transmettre la vie, je tente de fixer une
mémoire corporelle menacée d’effacement.


Depuis près de trente ans, je mène une recherche esthétique sur le corps, qui s’est transformée
depuis dix ans en récit familial. À travers mes images, je dessine et efface, je reconstruis et
j’oublie. Ce double processus parle à la fois d’espoir et de perte.


L’acte de dessiner devient un moyen d’habiter le présent, de faire apparaître l’éphémère, de faire
survivre un corps. Ce qui demeure n’est ni passé ni futur, mais une mémoire visuelle répétée,
incarnée par la main qui trace.